COMMENT LA COOPERATION DECENTRALISEE PEUT-ELLE RENFORCER LA LOCALISATION DES ODD DANS LES VILLES ET TERRITOIRES EN AFRIQUE ?

Les gouvernements locaux ont appris les uns des autres à l’échelle internationale depuis plus de cent ans, mais la Technologie de l’Information et des Communications permet désormais aux pratiques et aux connaissances locales d’être partagées à l’échelle mondiale sur plusieurs plates-formes plus facilement que jamais. Parks Tau ancien Maire de Johannesburg et Président, de Cités et Gouvernements Unis (CGLU) de 2016-2019.

La commune d’Oostkamp souhaite s’engager dans une coopération internationale. La commune d’Oostkamp (Belgique) recherche une collaboration à long terme avec une autre administration locale. L’accent de ce partenariat serait initialement mis sur des thèmes tels que la cohésion sociale, les soins et l’enseignement. Veuillez consulter le profil d’Oostkamp qui donne plus d’informations sur la recherche de partenariat et la lettre officielle d’appel à jumelage. La date limite pour se manifester est le 1er novembre 2022. PLATFORMA (Action Internationale Locale & Régionale), 31 août 2022

LA DECENTRALISATION PERMET A LA FOIS LA TERRITORIALISATION ET LA PROXIMITE DE L’ACTION PUBLIQUE ET VISE L’EFFICACITE DES POLITIQUES PUBLIQUES.

La décentralisation territoriale se définit comme un transfert de compétences de l’État à des entités distinctes de lui et dotées de la personnalité morale de droit public. Les territoires décentralisés sont les collectivités territoriales ou locales (Communes, Départements, Régions, Districts, etc.). Ces collectivités territoriales jouissent de la personnalité morale, de moyens et de compétences propres, donc d’une certaine autonomie locale. Celle-ci s’exerce dans le cadre de la loi et sous le contrôle de l’État. La territorialisation de l’action publique, consiste à prendre en compte les caractéristiques propres du territoire (territoire urbain ou rural, territoire maritime, territoire de forêt, etc.) dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques. Quant à la proximité, elle renvoie à la notion de proximité géographique et relationnelle entre les décideurs politiques et les citoyens. Ainsi, l’efficacité de l’action publique est renforcée par la combinaison de la décentralisation, de la proximité et de la territorialisation. En rapprochant les décideurs des citoyens et en prenant en compte les réalités locales, les politiques publiques peuvent être mieux conçues, mises en œuvre et évaluées. Les acteurs locaux ont une connaissance approfondie des besoins et des ressources disponibles, ce qui facilite la mise en place de solutions adaptées et efficientes. De plus, la participation citoyenne accrue et la responsabilisation des acteurs locaux contribuent également à améliorer l’efficacité de l’action publique en favorisant la transparence, la responsabilité et la légitimité des décisions prises.

LES ACTIONS INTERNATIONALES DES VILLES ET DES GOUVERNEMENTS LOCAUX FACE AUX PROBLEMES MAJEURS MONDIAUX. LE PARADOXE ENTRE LES ACTIONS LOCALES ET LES SOLUTIONS AUX DEFIS GLOBLAUX.

Les actions internationales des villes et gouvernements locaux jouent un rôle de plus en plus important dans la recherche de solutions aux défis globaux. Cependant, il existe un paradoxe entre les actions locales et la nécessité de traiter des problèmes qui dépassent les frontières nationales. D’une part, les villes et gouvernements locaux ont la capacité de prendre des mesures concrètes et de mettre en œuvre des politiques qui ont un impact direct sur la vie des citoyens. Ils sont souvent en première ligne pour faire face à des défis tels que le changement climatique, l’urbanisation rapide, la pauvreté, l’insécurité alimentaire, etc. En tant qu’acteurs proches des réalités locales, ils sont bien positionnés pour identifier les besoins spécifiques de leur communauté et mettre en place des solutions adaptées. D’autre part, de nombreux problèmes mondiaux, tels que le réchauffement climatique, les migrations, la pollution, les conflits internationaux, nécessitent une coordination et une action collective à l’échelle mondiale. Ces défis ne peuvent pas être résolus uniquement par des actions locales isolées, mais exigent une coopération internationale, une harmonisation des politiques et des efforts communs. Le paradoxe réside dans le fait que, bien que les villes et gouvernements locaux aient un rôle crucial à jouer dans la lutte contre les problèmes mondiaux, ils ont souvent des compétences et des pouvoirs limités au niveau international. Les questions de politique étrangère, de commerce international, de diplomatie et de coopération internationale sont exclusivement du ressort des gouvernements nationaux et des organisations internationales.

Aussi, de nombreuses villes et gouvernements locaux ont-ils cherché à surmonter ce paradoxe en développant des initiatives de coopération décentralisée, des partenariats internationaux et en participant à des réseaux internationaux de gouvernements locaux. Par le biais de ces mécanismes, ils peuvent partager leurs expériences, échanger des bonnes pratiques, collaborer sur des projets communs et influencer les décisions prises au niveau international.

Aujourd’hui, de nombreuses conventions de l’ONU intègrent activement les acteurs locaux dans leurs processus de consultation, de prise de décision et de mise en œuvre. Par exemple, l’Accord de Paris sur le climat reconnaît le rôle crucial des villes dans la lutte contre le changement climatique et encourage leur participation directe dans la mise en œuvre des actions climatiques. Cette de la reconnaissance des associations de villes et de gouvernements locaux est le reflet de la prise de conscience croissante de l’importance des acteurs locaux dans la réalisation des objectifs mondiaux. Elle reflète également la volonté de renforcer la coopération multi-niveaux et de permettre une action concertée à tous les niveaux de gouvernance pour relever les défis mondiaux de manière plus efficace et inclusive.

Ces associations de villes et de gouvernements locaux jouent un rôle essentiel dans la promotion de la coopération décentralisée au niveau international. Elles facilitent et renforcent :

–       les partenariats : Les associations de villes et de gouvernements locaux facilitent la création de partenariats entre différentes collectivités territoriales à travers le monde. Elles mettent en relation des villes et des gouvernements locaux qui souhaitent coopérer et échanger des connaissances et des expériences ;

–       les échange de bonnes pratiques : Les associations de villes et de gouvernements locaux facilitent l’échange de bonnes pratiques entre les collectivités territoriales. Elles organisent des forums, des séminaires et des événements où les acteurs locaux peuvent partager leurs expériences réussies et apprendre les uns des autres ;

–       les capacités : Les associations de villes et de gouvernements locaux soutiennent le renforcement des capacités des acteurs locaux en fournissant des formations, des ressources et des outils pratiques. Elles aident les collectivités territoriales à développer les compétences nécessaires pour mettre en œuvre des projets de coopération décentralisée ;

–       les plaidoyers : Les associations de villes et de gouvernements locaux jouent un rôle de plaidoyer en faveur de la coopération décentralisée auprès des gouvernements nationaux, des organisations internationales et d’autres parties prenantes. Elles promeuvent la reconnaissance et le soutien des politiques et des financements nécessaires pour faciliter la coopération décentralisée ;

–       la représentation des intérêts locaux : Les associations de villes et de gouvernements locaux représentent les intérêts des collectivités territoriales au niveau national et international. Elles veillent à ce que les voix et les préoccupations des acteurs locaux soient prises en compte dans les politiques et les décisions qui les affectent ;

–       la coordination des actions : Les associations de villes et de gouvernements locaux facilitent la coordination des actions entre les collectivités territoriales engagées dans des partenariats de coopération décentralisée. Elles favorisent la synergie et la complémentarité entre les projets et les initiatives des différents acteurs locaux.

Mais au niveau des Pays, ce sont les États Nations qui doivent jouer le rôle de leader dans la promotion et l’accompagnent de la coopération décentralisée au niveau national.

LA COOPERATION DECENTRALISEE OU LA DIPLOMATIE DES VILLES OU L’ACTION INTERNATIONALE DES COLLECTIVITES TERRITORIALES OU ENCORE LA DIPLOMATIE DES TERRITOIRES

L’expression « coopération décentralisée » désigne toutes les formes de coopération et d’échanges que les collectivités territoriales d’un pays ou leurs groupements peuvent développer avec des autorités ou des collectivités territoriales étrangères, et ce dans le cadre du respect des engagements internationaux de ce pays. Elle peut prendre plusieurs formes ; Les jumelages ; La conclusion de conventions ou accords de coopération et d’échanges, etc.

La coopération décentralisée, est un vecteur de valeurs de démocratie locale et est considérée comme un modèle alternatif moins formaliste sur le plan institutionnel, moins bureaucratique dans sa gestion et moins coûteux en terme budgétaire que les relations diplomatiques officielles entre Etats. Elle serait également plus efficace et plus souple, donc mieux adaptée aux besoins des populations, puisqu’elle se concentre sur des projets concrets. En outre, elle faciliterait l’accès à des zones géographiques que la coopération entre Etats ne permet pas d’atteindre et elle met en rapport des milieux économiques et des catégories sociales auxquelles les relations diplomatiques officielles n’ont toujours pas la possibilité de consacrer toute l’attention souhaitable et dont le rôle est cependant important sur le plan local.

La coopération décentralisée se distingue des actions menées par les ONG, les Etats et les bailleurs de fonds multilatéraux par la nature des actions menées et par la nature des acteurs impliqués :

–       Les actions menées par les collectivités territoriales s’inscrivent dans la durée ;

–       Les actions se mesurent d’abord en termes d’échange de savoir-faire, d’appui institutionnel et de formation. Il ne s’agit donc pas de décentraliser la coopération de type classique, mais bien d’une coopération spécifique menée par une autorité locale à destination d’une autre localité locale pour partager une expérience de gestion locale et de développement d’un territoire ;

–       Les programmes de coopération décentralisée sont le résultat d’une réflexion concertée entre les deux autorités locales. C’est d’abord une coopération “à la demande”, puisque le point de départ est l’expression de besoins de la part de l’autorité locale du sud. C’est à partir de cette demande, ensuite négociée, que la collectivité territoriale examine en fonction de son savoir-faire et de ses capacités financières ce qu’elle peut apporter pour répondre à cette demande ;

–       Enfin la coopération décentralisée est aussi spécifique par sa capacité à mobiliser ou accompagner les acteurs locaux du territoire. Il s’agit en effet d’une relation directe entre deux communautés, deux territoires motivés pour des intérêts réciproques.

Par ailleurs, l’action internationale des collectivités territoriales, qui s’inscrivait principalement dans une perspective solidaire, est devenue aujourd’hui stratégique, à la fois pour permettre à chaque territoire d’exister à l’international et de s’ouvrir à des pratiques différentes sur des sujets aussi universels que les Objectifs du Développement Durable, la bonne gouvernance, l’amélioration des conditions de vie des citoyens, le réchauffement climatique, etc. Aussi, les collectivités territoriales, par le biais de la coopération décentralisée sont-elles tentées d’exister d’une manière de plus en plus autonome vis-à-vis des Etats, y compris sur la scène internationale. Elles sont capables de se concerter entre elles, de partager leurs expériences et de coopérer sur des sujets concrets, qu’il s’agisse des services à la population (transports, service de l’eau, politiques culturelles…), de gouvernance locale, mais aussi de développement économique.

LA COOPERATION DECENTRALISEE CENTREE SUR LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE (ODD)

  •   LIMITES DES ACTIONS DES ETATS DANS LA LOCALISATION DES ODD

Les Objectifs de développement durable (ODD) sont un ensemble de 17 objectifs mondiaux adoptés par les Nations Unies en 2015 dans le cadre de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Les ODD visent à résoudre certains des défis les plus pressants de notre époque, tels que la pauvreté, l’inégalité, le changement climatique et la dégradation de l’environnement. Chaque objectif est accompagné de cibles spécifiques, au nombre de 169 au total.

La mise en œuvre de ces ODD au niveau national implique plusieurs étapes clés dans la déclinaison de cet agenda international. Les principales sont :

1-    Appropriation nationale : Les États doivent intégrer les ODD dans leur vision et leurs politiques nationales de développement. Cela implique de les aligner avec les plans de développement existants et de les adapter aux réalités et aux priorités nationales ;

2-    La définition d’un cadre institutionnel. Mettre en place un cadre institutionnel capable d’assurer la cohérence des actions liées à la mise en œuvre de 17 Objectifs ;

3-    Implication de toutes les parties prenantes : Pour assurer une mise en œuvre efficace des ODD, il est essentiel d’impliquer toutes les parties prenantes pertinentes, notamment les parlementaires, la société civile, les collectivités territoriales, le secteur privé et les organisations non gouvernementales.

En général, l’appropriation des ODD se passe bien au niveau des Etats. Elle se traduit par une implication permanente des autorités au plus haut niveau de ces Etats (Président, Premier Ministre, Ministres, etc.). Toutefois, la définition de cadre Institutionnel souvent ancré dans un département ministériel en l’occurrence le Ministère chargé de l’Environnement, ne permet pas toujours d’assurer la cohérence des actions liées aux ODD. Au contraire, elle contribue à renforcer les objectifs liés à ce ministère au détriment des autres ODD. Un Comité Nationale chargé des ODD rattaché à la Primature ou à la Présidence de la République pourrait permettre une vue d’ensemble et une coordination cohérente des actions.

A cela s’ajoute une faible participation des parties prenantes notée au niveau de certains Etats. La société civile, le secteur privé, les collectivités territoriales et les populations locales, dans certains cas, ne sont pas suffisamment impliqués dans le processus décisionnel et la mise en œuvre des ODD.

  •  L’AGENDA 2030 EST UN AGENDA LOCAL

Or, l’Agenda 2030 est un agenda local. Près de 70% de toutes les cibles des ODD exige une action directe des Villes et Collectivités territoriales. La coopération décentralisée en favorisant l’échange de bonnes pratiques, le renforcement des capacités, la mobilisation des ressources, le renforcement des liens entre acteurs locaux et la promotion de la gouvernance participative, peut renforcer la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) au niveau local.

Dans le cadre de la coopération décentralisée, les actions sont souvent basées sur des échanges de savoir-faire, d’appui institutionnel et de formation, etc. Ces actions peuvent être suivies sur la base des indicateurs qualitatifs tels que l’amélioration des connaissances et des compétences, le renforcement des capacités institutionnelles, la mise en place de mécanismes de gouvernance efficaces, etc. Cependant, il est également essentiel de développer des mécanismes de suivi et d’évaluation appropriés pour mesurer l’impact réel de ces actions, notamment en termes de résultats tangibles et de contribution aux Objectifs de développement durable.