COMMENT L’AFRIQUE PEUT-ELLE DEVENIR LE MOTEUR DE LA NOUVELLE REVOLUTION INDUSTRIELLE 4.0 EN COURS GRACE A SON ENORME POTENTIEL EN ENERGIES PROPRES ?

Dotée de conditions naturelles propices à la production dénergies éoliennes et solaires les plus favorables au monde, l’Afrique détient un énorme potentiel pour devenir un leader des énergies renouvelables. Dans le même temps, l’hydrogène, et l’hydrogène vert en particulier, est en train de changer la donne dans la décarbonations des industries et de conduire un nouvel avenir énergétique propre. Si l’Afrique peut tirer parti de la puissance de l’hydrogène vert, non seulement elle réalisera son plein potentiel dans l’économie de l’énergie propre, mais elle jouera également un rôle déterminant dans le soutien de la transition énergétique mondiale. Mohamed Jameel Al Ramahi, Chief Executive Officer of Masdar

Les fusées utilisent un carburant qui n’est ni de l’essence, ni du diesel, ni même du kérosène employé dans les avions ! Le carburant des fusées doit être beaucoup plus efficace. Le plus utilisé est l’hydrogène : de grands réservoirs d’hydrogène et d’oxygène sont placées sous les fusées ou les navettes spatiales. Lors du lancement d’une fusée, les deux gaz sont mélangés et des étincelles vont initier une réaction chimique pour produire… de l’eau ! C’est une réaction chimique extrêmement rapide, pour ne pas dire explosive, et « exothermique ». Cela signifie que, lors de cette réaction, d’énormes quantités de chaleur sont produites. On voit alors de grandes flammes suivies d’un immense panache de fumée jaillir des propulseurs. Ce panache de fumée est en fait de la vapeur d’eau expulsée des réservoirs de l’engin en très grande quantité et de manière très rapide. Scienscope

LE MONDE A AMORCE UNE PHASE DE DEMONDIALISATION DEPUIS LA PANDEMIE DE LA COVID-19 ET DONC UNE TRANSFORMATION DANS LES MODES DE PRODUCTIONS INDUSTRIELLES

  •  RELOCALISER LA PRODUCTION INDUSTRIELLE APRÈS LA PANDÉMIE ?

La relocalisation consiste dans le retour d’activités (totales ou partielles) dans le pays d’origine, qui avaient auparavant été délocalisées sur un autre territoire. Une manière de créer des emplois pour les cols bleus, d’améliorer la résilience du pays contre les chocs extérieurs et, surtout, de réduire sa dépendance à la Chine.

La crise sanitaire du Covid-19 a mis en lumière la dépendance de la plupart des pays du monde y compris les pays européens et développés aux importations pour la consommation de biens essentiels, à l’instar des masques de protection respiratoire. Aux États-Unis par exemple, protectionnisme, volontarisme politique et plans d’investissement public connaissent un retour en force, au service de la relocalisation des activités industrielles critiques sur le sol national.

Selon le journal, les Echos, la loi portée par les démocrates et adoptée par le Congrès mi-août 2022 est un grand plan de réformes dont le principal volet concerne le climat : près de 400 milliards de dollars serviront à financer des mesures sur dix ans qui doivent permettre aux Etats-Unis d’atteindre leur objectif de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52 % d’ici à 2030 par rapport à 2005. Les mesures comportent pour le volet climatique, les ménages américains bénéficient d’un crédit d’impôt de 7.500 dollars pour l’achat de véhicules électriques neufs américains (4.000 dollars pour les véhicules d’occasions). Une aide à l’installation de panneaux solaires est aussi prévue, ainsi qu’un coup de pouce à la rénovation des logements. Du côté des entreprises, le plan prévoit des crédits d’impôts pour les investissements et la production dans le véhicule électrique, dans l’éolien, le solaire, la séquestration du carbone, l’hydrogène vert, les biocarburants, les batteries, etc.

  •  IMPACT ENVIRONNEMENTAL DES PLANS CLIMATS DES PAYS DEVELOPPES SUR LES IMPORTATIONS

Selon le Magazine « EYES ON EUROPE », le « Green Deal européen » doit conduire entre autres à la réussite des objectifs suivants :

– la neutralité climatique pour 2050 ;

– la coordination de la stratégie pour la biodiversité à l’horizon 2030 en priorisant la protection de la biodiversité dans l’ensemble des domaines politiques, notamment le commerce, l’industrie, l’agriculture et les affaires maritimes ;

– la coordination des travaux sur l’économie circulaire, notamment la stratégie « De la ferme à la fourchette » pour une alimentation durable. Cela couvrira toutes les étapes de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation, en examinant l’information des consommateurs, la sécurité alimentaire, la santé animale et végétale, la pêche et le secteur agroalimentaire ;

– un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour certains secteurs.

Dès lors, certains points de la signature d’un accord de libre-échange entre l’UE et d’autres pays ou organisation de pays qui ne partagent pas ces objectifs, risquent d’être nuisibles aux objectifs mentionnés ci-dessus.

  •   DEMONDIALISATION DANS UN MONDE DE PLUS EN PLUS FRAGMENTE

La guerre entre l’Ukraine et la Russie a révélé une division profonde du monde en deux blocks antagonistes ; le block des pays démocratiques contre la Russie, la Chine, l’Iran et la Syrie. A cette situation s’ajoute la montée en puissance des partis nationalistes dans les pays démocratiques, des partis politiques internes, mais surtout des partis politiques qui s’opposent à la mondialisation. Ces deux menaces sont réelles et peuvent contribuer à accélérer le phénomène de démondialisation.

  •  INDUSTRIE 4.0 ET RELOCALISATION DE LA PRODUCTON INDUSTRIELLE

L’industrie 4.0, également appelée la quatrième révolution industrielle, est une évolution de l’automatisation industrielle qui intègre des technologies telles que l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et l’analyse de données. L’objectif de l’industrie 4.0 est d’améliorer l’efficacité et la flexibilité de la production en utilisant ces technologies pour automatiser les processus industriels. En automatisant les processus de production, les entreprises peuvent réduire leur dépendance à la main-d’œuvre bon marché des pays émergents et relocaliser la production dans des pays à coûts plus élevés, tels que les pays développés.

Si le commerce mondial et la production industrielle globalisée se contractent, la demande et la fourniture d’énergies propres sont global par essence et nécessitent de développer pour tous les sources d’énergies là où elle sont abondantes.

LA QUATRIEME REVOLUTION INDUSTRIELLE EN COURS, DEPENDRA DE SOURCES D’ENERGIE DURABLES, EFFICACES ET COMPATIBLES AVEC LES OBJECTIFS DE REDUCTION DES EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE

La demande en énergie dans le monde est en constante évolution tirée par le nombre de population et par l’activité humaine. La population mondiale est estimée à 8 milliards de personnes et toutes les activités humaines sont impactées par le numérique. La quatrième révolution industrielle est caractérisée par une utilisation accrue des technologies numériques, telles que l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et la robotique avancée, pour automatiser et optimiser les processus de production. Ces nouvelles technologies sont très gourmandes en énergies pour alimenter et faire fonctionner des centres de données qui stockent, gèrent et traitent ces données.

L’ensemble des industries y compris les industries traditionnelles, les systèmes de transports aériens et maritimes sont les secteurs les moins touchés par les systèmes actuels de production des énergies propres, basées sur l’électricités et les batteries, moins appropriés pour ces activités.

La nouvelle source d’énergie renouvelable capable de remplace le pétrole et/ou le gaz est l’Hydrogène vert.

L’AFRIQUE, UN CONTINENT DOTE DE CONDITIONS DE PRODUCTION DES ENERGIES SOLAIRES ET EOLIENNES ET RICHE EN RESSOURCES MINERALES STRATEGIQUES POUR LA PRODUCTION DES ENRGIE RENOUVELABLES

L’hydrogène vert est de l’hydrogène produit à partir de sources d’énergie renouvelable, telles que l’énergie solaire, éolienne, hydraulique ou géothermique, grâce à un processus appelé électrolyse de l’eau. L’électrolyse de l’eau consiste à utiliser de l’électricité pour séparer l’hydrogène et l’oxygène de l’eau. L’hydrogène ainsi produit peut  être stocké sous forme de gaz ou sous forme liquide ou encore sous forme d’ammoniac vert. Il peut ainsi être transporté par bateaux ou par des pipelines vers de utilisateurs finaux qui peuvent les secteurs  des industries lourdes, le secteur maritime et l’aviation.

Plusieurs régions en Afrique sont dotées de conditions naturelles propice à la production d’énergies solaires et/ou éoliennes. Le désert du Sahara et le Maghreb sont généralement considérés comme ayant le plus grand potentiel d’énergie solaire en Afrique, mais il existe également d’autres régions du continent qui ont un potentiel élevé en énergie solaire et éolienne. Le désert du Kalahari, qui s’étend sur le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud, est l’une de ces régions. Il y a aussi la côte est de l’Afrique : Cette région est connue pour ses vents forts et constants, ce qui en fait une zone idéale pour l’énergie éolienne. Des projets éoliens ont été développés en Égypte, en Érythrée, en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie, entre autres

L’Afrique dispose également d’un grand potentiel en énergie hydraulique, en raison de ses nombreux cours d’eau et de ses chutes d’eau. L’exemple e plus cité est le bassin du Congo qui est l’une des plus grandes régions hydroélectriques au monde, avec un potentiel estimé à environ 100 000 mégawatts. Le barrage d’Inga, sur le fleuve Congo en République démocratique du Congo, est le plus grand projet hydroélectrique en Afrique et le deuxième plus grand au monde. Le surplus d’électricité produite peut servir à la production d’hydrogène et d’ammoniac verts pour le stockage ou pour l’exportation.

De plus, le continent dispose en abondance de la plupart des minerais stratégiques nécessaires pour la production des énergies solaires et éoliennes.

Pour les éoliennes les minerais stratégiques pour leur production sont :  Le cuivre : Le cuivre est utilisé dans la production de bobines de cuivre qui permettent de convertir l’énergie éolienne en électricité ; Le fer : Le fer est utilisé pour les structures et les pales des éoliennes ; Le nickel : Le nickel est utilisé pour la production d’aimants permanents utilisés dans les générateurs éoliens ;Le cobalt : Le cobalt est également utilisé pour les aimants permanents et les batteries des éoliennes ; Le terbium, le dysprosium et le néodyme : Ces terres rares sont également utilisées pour la production d’aimants permanents ; Le graphite : Le graphite est utilisé pour les pales des éoliennes, car il est léger et résistant ; Le molybdène : Le molybdène est utilisé pour la production d’acier inoxydable utilisé dans les éoliennes.

Pour les cellules photovoltaïques utilisées dans la production d’énergie solaire les minéraux stratégiques, ci-après sont indispensables :

Le silicium : Le silicium est l’un des principaux matériaux utilisés dans la production de cellules photovoltaïques. Il est extrait sous forme de sable de quartz et transformé en lingots de silicium pur ; Le cadmium, le tellure et le sélénium : Ces éléments sont utilisés dans les cellules photovoltaïques à couches minces ; Le cuivre, le molybdène et l’argent : Ces métaux sont utilisés comme conducteurs électriques dans les cellules photovoltaïques ; Le titane et l’aluminium : Ces métaux sont utilisés dans les cadres et les supports des panneaux solaires ;

Le verre et les polymères : Ces matériaux sont utilisés pour les revêtements des cellules photovoltaïques ; Le nickel, le fer et le cobalt : Ces métaux sont utilisés dans les batteries de stockage d’énergie solaire.

Pour la production d’hydrogène vert, il faut le platine, le rhénium, le cobalt et le nickel comme minerais stratégiques importants. En Afrique, plusieurs pays sont dotés de gisements de ces minerais. Il s’agit :

Du Platine : l’Afrique du Sud est le principal producteur de platine au monde, suivi par le Zimbabwe. D’autres pays comme le Botswana, le Mozambique et le Ghana ont également des gisements de platine ; du Rhénium : l’Afrique du Sud est également un important producteur de rhénium, souvent associé au platine. D’autres pays comme le Zimbabwe et la Zambie ont également des gisements de rhénium ; du Cobalt : la République démocratique du Congo est le principal producteur de cobalt au monde, avec environ 70 % de la production mondiale. D’autres pays comme la Zambie, le Maroc et l’Afrique du Sud ont également des gisements de cobalt et du Nickel : des pays comme le Botswana et le Zimbabwe ont des gisements de nickel. Mais la Nouvelle-Calédonie, un territoire d’outre-mer français situé en Océanie, est le principal producteur de nickel dans le monde.

Le continent réuni toutes les conditions favorables à la production des énergies renouvelables localement. Pour y arriver toutefois, il faut une collaboration entre les différents pays dotés des ressources ou des conditions naturelles optimales.

LA PRODUCTION D’ENERGIES RENOUVELABLES (ENERGIE SOLAIRE, EOLIENNE HYDROGENE VERT, ET AMMONIAC VERT) UNE SOLUTION POUR LA FIN DES CONFLITS EXTREMISTES AU SAHEL ?

Ainsi, les pays du Sahel qui disposent des conditions naturelles favorables à la production des énergies solaires et éoliennes devraient être pousser à se consacrer à cette activité et devenir des hubs d’exportation d’énergie renouvelable dans la région et dans le monde entier. Cette activité permettra de créer des emplois et de mette fin aux conflits jihadistes en cours. Un appui pour la mise en place d’armées professionnelles capables de neutraliser les menaces de conflits asymétriques est un préalable.

APPEL A L’ACTION POUR SOUTENIR LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L’AFRIQUE ET GARANTIR UNE CROISSANCE ECONOMIQUE DURABLE.

Le développement de l’hydrogène vert est encore marginal en Afrique. Toutefois, l’économie de l’hydrogène vert promettra aux pays africains de renforcer leurs écosystèmes d’innovation, élever le niveau d’électrification du continent, poser les bases de leur industrialisation et éliminer la pauvreté, et enfin, se positionner comme un leader mondial de production d’énergies propres en se basant sur leurs énormes potentiels. L’Afrique contribue peu aux émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, 4%. Toutefois, elle est mieux positionnée pour être l’acteur majeur pour la sauvegarde de la planète.

Dans ce cadre, six (6) projets majeurs sont en cours de mise en œuvre dans plusieurs pays avec des potentiels avérés dans les énergies propres et devraient être étendus à d’autres pays à haut potentiels en énergies renouvelables et riches en minerais stratégiques. Il s’agit de :

  1. Hydrogen Valley. South Africa : 400 000 Tonnes d’Hydrogène Vert ;
  2.   Hevo Ammoniac project. Maroc: 183 000 Tonnes d’Ammoniac Vert ;
  3. Waste to Hydrogen Facility. Egypt: 300 000 Tonnes d’Hydrogène Vert ;
  4. Hyphen Hydrogen Energy. Namibie: 300 000 Tonnes d’Hydrogène Vert ;
  5. Egypt-UAE production plants. Egypt : 480 000 Tonnes d’Hydrogène Vert ;
  6. Project NOUR ; Mauritanie : 600 000 Tonnes d’Hydrogène Vert.