MEILLEURS VOEUX 2021

 

Les crises déchirent le réel, révèlent les failles du système et sont une fenêtre ouverte vers plus de possibilités.  Citation tirée de « LES VERTUS DE L’ÉCHEC – Charles Pépin »

COMMENT RELANCER L’INDUSTRIALISATION EN AFRIQUE APRES LA COVID-19 ? DES EXEMPLES DE REUSSITES A SUIVRE

La forte croissance économique au début des années 2000 de nombreux pays africains, n’a pas profité à la population en âge de travailler, trop importante par rapport au nombre d’emplois créés. Pour absorber les jeunes entrant sur le marché du travail, l’Afrique doit créer 12 à 15 millions d’emplois par an.

L’histoire et l’expérience montrent que l’urbanisation est étroitement liée à la croissance économique et à a transformation des économies en faveur des secteurs productifs à savoir l’industrie et les services. Les données disponibles indiquent qu’en Afrique, l’urbanisation et l’industrialisation sont dissociées, ce qui empêche d’exploiter les possibilités de création d’emplois et d’amélioration du bien-être. En effet ; depuis les années 1970, la production manufacturière de l’Afrique a stagné à environ 10 % du PIB.

Le rétablissement du lien entre l’urbanisation et l’industrialisation en Afrique surtout après la COVID-19, grâce à des politiques, stratégies et investissements délibérés est une priorité pour la durabilité des villes et des industries.

Pour cela, l’Afrique pourrait prendre exemples sur quelques pays en voie de développement qui ont su combiner urbanisation et industrialisation pour assurer leur développement économique et sortir des millions de leur population de la pauvreté en moins d’un demi-siècle. Nous citerons la Chine, Singapour et Dubaï

  •  LA CHINE. Du sous-développement à la 2ème puissance économique du monde en 40 ans.

La Chine présente l’exemple type d’une urbanisation réussie, utilisée à son optimum pour son développent économique et social sauf en matière de développement durable. Des réformes lancées depuis 1978 et basées sur les quatre modernisations : modernisation de l’Agriculture, de l’Industrie, de la Défense Nationale et de la Science et la Technologie, lui ont permis d’initier des politiques cohérentes prenant en compte tous ces secteurs et devenir 40 ans plus tard, la deuxième économie du monde, une puissance technologique et spatiale et la deuxième puissance militaire du monde.

Elle a su transformer ses petites villes de la côte Est en Mégapole industrielles de rang mondial, créer des zones économiques spéciales réussies, attirer les Investissements Directs Etrangers (IDE) et devenir l’usine du monde en seulement quatre décennies. Elle a surtout réussi à utiliser les IDE pour développer l’industrie locale, renforcer le système éducatif et son écosystème scientifique et technologique pour faire partie aujourd’hui des leaders mondiaux dans l’Intelligence Artificielle (IA), la 5G, etc. La Chine et l’Afrique peuvent renforcer leur coopération dans les domaines ci-après

  • La construction et la gestion de grandes villes productives dans un contexte d’urbanisation ultrarapide ;
  • La création de Zones Economiques Spéciales réussies et qui attirent des IDE ;
  • La production d’énergie renouvelable (hydroélectrique, éolien, photovoltaïque, etc.) ;
  • Renforce le partenariat Afrique-Chine en matière de TIC initié, de l’internet des objets (IoT), de la 5G, et l’intelligence artificielle (IA) ;
  • La construction de trains à grande vitesse, de ports et d’aéroports, etc.
  • Dubaï et Singapour. Un leadership exceptionnel au service du développement urbain exceptionnel en ¼ de siècle

« Le Président de la République Populaire de Chine, Xi Jinping a déclaré : Den Xiaoping a répété que la Chine devait apprendre de Singapour. Nous l’avons fait, nous le faisons aujourd’hui et nous le ferons demain  » ; Murat Lama et Xavier Fontanet

Certains pays ont connu l’exploit de développer des villes exceptionnelles en moins de 40 ans. Il s’agit des villes de Singapour et de Dubaï. Ces villes sont l’œuvre de deux leaders hors du commun ayant une vision, une stratégie et un ardent désir de succès. Ainsi il a fallu 27 ans à Lee Kuan Yew pour construire Singapour et 25 ans au Sheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum pour bâtir Dubaï.

Selon Olivier Sevin, Singapour constitue un cas emblématique en matière de développement, parce qu’en quelques décennies cette cité-État dépourvue de ressources naturelles, de capitaux et de savoir-faire est devenue une ville globale qui suscite autant l’admiration que l’envie… En quelques années, les autorités singapouriennes ont réussi à doter la ville d’une image compétitive. Singapour fait aujourd’hui figure de ville fonctionnelle, propre, sûre, accueillante, où multinationales et cadres étrangers sont assurés de disposer d’une gamme de services très étendue ainsi que, et ce n’est pas le moindre paradoxe dans un pays où l’action de l’État est omniprésente, de taux d’imposition et de charges sociales très faibles. Le succès est au rendez-vous : en 2010, avec 14,7 %, le taux de croissance du PIB de la cité-État a été l’un des plus élevés du monde.

Et, selon l’Agence France Presse (AFP), le souverain, le Sheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum affirme avoir voulu faire de Dubaï une “Cordoue moderne”, au premier plan d’une renaissance arabe, à l’instar de la ville andalouse qui offrait un modèle de coexistence religieuse et communautaire du temps de la domination arabe sur une partie de l’Espagne.

De fait, Dubaï se démarque des autres pays conservateurs du Golfe qui l’entourent: les étrangers, majoritaires, sont libres de pratiquer leur religion, les étrangères en mini-jupe côtoient les Emiraties en abaya noire, et les bars et boites de nuit sont légion. Qualifié d’autocrate par certains, dans un pays où ni les partis ni les syndicats ne sont autorisés, il garde la porte de son “majlis” (la salle de réception du palais, ndlr) ouverte à ceux qui ont des doléances. “Je suis convaincu que je mène mon peuple non seulement sur le droit chemin, mais sur le seul chemin possible”, affirme-t-il dans son livre, “Ma vision”.

Assurément la qualité de leadership est l’un des ingrédients indispensable dont il faudra faire la preuve en Afrique.

 Et, si l’Afrique devra accélérer sa croissance et émerger économiquement, elle devra se focaliser sur ses villes pour les rendre productrices, sûres, prospères et vivables.