LA FERMETURE DES VILLES EN AFRIQUE SUITE A LA PROPAGATION ULTRA RAPIDE DU COVID-19 A RÉVÉLÉ LEURS RÔLES IRREMPLAÇABLES DANS LA MONDIALISATION ET LE DÉVELOPPEMENT ECONOMIQUE DES PAYS.
Les grandes métropoles sont les principales épicentres de l’épidémie. En effet, depuis son émergence à Wuhan, métropole de 11 millions d’habitants en Chine, à la fin du mois de décembre 2019, le COVID-19 a tué des milliers de personnes, beaucoup dans les grands centres urbains à l’échelle mondiale. Ainsi, selon le journal Jeune Afrique, le 31 mars 2020, la métropole d’Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire a enregistré plus de de 90 % des personnes contaminées déjà recensées dans tout dans le pays. Par ailleurs, le nouveau coronavirus intitulé COVID-19 s’est répandu dans le monde entier en l’espace de seulement deux mois, faisant ainsi de cette pandémie, la maladie la plus contagieuse que le monde ait vécue, loin devant toutes les épidémies et pandémies déjà connues.
L’origine et la diffusion du coronavirus sont nées de la globalisation rapide et de la croissance urbaine, qui ont facilité la transmission de la maladie des animaux aux humains, de personne à personne et de pays à pays. La globalisation définit l’intégration des marchés sur le plan mondial avec, au cœur de ce principe, la mise en place de stratégies commerciales internationales menant à un marché mondial unifié. La globalisation caractérise notamment le développement des échanges et des interactions humaines sur toute la planète. Ce processus a été permis grâce à la libéralisation des échanges, aux progrès des technologies de l’information et de la communication et à la modernisation des moyens de transport.
Le développement des infrastructures de connectivité qui permettent la globalisation sont l’une des deux tendances lourdes qui dominent le monde ; la connectivité et l’urbanisation. La première permet aux villes d’assumer leur rôles de centres de production, notamment industrielle, mais aussi de marché de consommation et de nœuds de flux divers (marchandises, talents, finance, informations, etc.) et la seconde facilite et amplifie la circulation de ces flux à travers le monde entier. Les infrastructures de connexion les plus importantes pour la globalisation sont :
- Les infrastructures et services de transports constitués des ports, des aéroports, d’autoroutes, de trains et rails, de gares, de ponts, de tunnels et d’échangeurs, etc.
- Les systèmes d’énergie composés des pipelines de pétrole et de gaz, des réseaux d’électricité, des réseaux d’approvisionnement d’énergie et de points de recharge, etc. ;
- Les infrastructures et services des Technologies d’Information et de Communication (TIC), comprenant les satellites, les infrastructures et réseaux de téléphonie mobile, d’Internet et de la « technologie en nuage ou cloud », des centres de données ou data center, etc.
- Les centres de recherche et d’innovation.
Pour paraphraser le « Brookings Instituion » ; ce qui fait le succès économique des villes les rend également très vulnérables en cas de pandémie. Les endroits les plus connectés sont aussi les plus exposés au virus. Les endroits qui soutiennent de grands nombres d’entreprises locales connaissent des fermetures sans précédent. Les lieux d’innovation ; les universités et les instituts et centres de recherche, ferment tous leurs portes. Pourtant, ces fragilités supposées peuvent s’avérer être les atouts les plus forts de ces lieux. Plus dense en population, les villes intensifient la propagation et la transmission de la maladie par un contact humain accru. Ce sont aussi les lieux de solidarités nouvelles et de cohésions en ces temps de crise sanitaire aiguë.
- La prise de conscience du rôle économique des villes en Afrique
Les experts affirment que la crise n’est pas uniformément répartie mais fortement concentré dans les zones métropolitaines qui sont les plus durement touchées, elles qui constituent le cœur même de la capacité de production du pays. Presque toutes les grandes villes du monde sont fermées.
Ainsi, longtemps négligées par les décideurs politiques et les professionnels de l’urbanisme, les villes en Afrique se révèlent être incontournable pour le développement économique des pays au moment où la fermeture des ports et aéroports ainsi que la diminution drastiques du niveau des activités économiques urbaines, l’arrêt du tourisme, etc., réduisent les exportations, les importations, les IDE, assèchent les recettes fiscales et obligent les Etats à revoir à la baisse leurs prévisions budgétaires. La croissance économique de la Côte d’Ivoire par exemple, devrait être divisée par deux, à 3,6% en 2020, à cause de l’épidémie de coronavirus, selon le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui a annoncé mardi un vaste plan de soutien économique et social.
- L’Afrique ne fabrique ni masque ni appareil répertoire
Alors que la lutte contre le coronavirus exige un système sanitaire de rang mondial, l’Afrique n’a ni les moyens financiers, humains et matériels pour faire face à la crise comme la Chine. En effet, devant un énorme afflux de patients et la saturation des hôpitaux dans la ville Wuhan, la Chine a construit un hôpital de 1.000 lits avec des locaux médicalisés de 34.000 mètres carrés en 10 jours.
L’Afrique qui n’a pas d’usines de fabrication de médicaments ou d’équipement médical de grande importance, doit tout importer depuis les appareils d’assistance respiratoire ou respirateurs artificiels et les scanners, des kits de test, des combinaisons médicales de protection, des masques, des gants et des produits désinfectants, les moniteurs de surveillance des patients, les pompes de perfusion et les systèmes échographiques portables, des équipements avancés comme des machines d’oxygénation extracorporelle par membrane (ECMO), etc.
L’existence d’infrastructure de transport est indispensable pour l’équipement des centres de santé en matériels médicaux adaptés et en médicaments, comme pour le transfert des patients des zones très affectées vers les régions ou pays peu affectés. Malgré leur faible niveau d’équipement en établissements de santé spécialisés, les villes africaines concentrent les hôpitaux de référence, les salles et les lits de soins intensifs. Leur desserte par tous les moyens de transport (voitures, trains, avions, etc.) permet d’accélérer les prises en charges, les évacuations et de sauver des vies humaines.
- En période de distanciation sociale et de télétravail ; les TIC sont une manne du ciel
Le succès de la Chine dans sa lutte contre le COVIDQ-19 est dû selon les experts à sa réaction rapide dès l’apparition de la maladie dans la ville de Wuhan avec des mesures de confinement général et strictes. Si la réaction de la plupart des pays africains a été rapide et approprié, les mesures de « distanciation sociale » ont été préférées dans la plupart des cas aux mesures de confinement général. Si tous les lieux qui nous rassemblent sont visés par ces mesures, seuls les écoles, les universités, les parcs, les espaces culturels, les restaurants, etc. sont fermés. Les lieux de travail conservent un minimum de travailleur dans le secteur formel, tandis que le secteur informel subit des mesures de désinfection des lieux d’activités et de restriction de regroupement de personnes ou de dispositions spéciales dans les transports de personnes par exemple. Pour maintenir un niveau acceptable de l’activité économique et de l’enseignement dans les écoles, le télétravail et la formation en ligne ou à distance sont favorisés. Les zones urbaines les plus desservies par infrastructures et services de TIC voient le développement rapidement d’applications mobiles pour l’information et la sensibilisation des citadins sur la maladie.
L’Afrique a connu ces dernières décennies un développement fulgurant de la téléphonie mobile. Toutefois, le développement de l’Internet n’a pas encore suivi la même tendance. Ainsi, le télétravail ne peut être généralisé ni la formation à distance atteindre les zones rurales les plus reculées même par le canal de la télévision. Toutefois, les TIC fournissent les principaux canaux d’information et de sensibilisation des populations (télévision, téléphones mobiles, applications mobiles, Internet, Téléphone fixes gratuits, etc.).
- Les périodes de crise sont aussi les périodes de cohésion sociale et de renforcement de la solidarité
Tous les pays africains ont mis en place des fonds de solidarité et de relance économique pour soutenir les entreprises, en particulier les PMI/PME affectées par les conséquences de la pandémie, les familles vulnérables, etc.
Les communautés religieuses ont été les premières à accepter et à appliquer les mesures de distanciation sociale en suspendant leurs rassemblements de prière et en sensibilisant leurs membres. Les actions de de solidarité se renforcent soutenues par les organisations de la société civile en faveur des couches vulnérables, des professionnels de santé, de la sécurité, etc.