URBANISATION, SYSTÈME DE VILLES ET INDUSTRIALISATION

« Les villes d’un pays peuvent être considérées comme un portefeuille d’actifs qui se distinguent les uns des autres par notamment leur taille, leur emplacement et la densité de leur population ». (Banque mondiale, 2009).

« Les petites villes à faible niveau d’urbanisation facilitent les économies d’échelle internes, comme l’accueil d’une grande entreprise qui transforme des produits agricoles locaux. Les villes secondaires parvenues au stade intermédiaire d’urbanisation facilitent les économies de localisation en favorisant des liaisons entre des entreprises intervenant dans le même secteur. Les grandes villes se situant à un stade avancé d’urbanisation facilitent les économies d’urbanisation grâce à une base économique diversifiée qui favorise l’innovation ». Banque mondiale

SYSTÈME DE VILLES

Selon Denise Pumain Professeur émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le réseau de villes d’un pays ou l’ensemble organisé des villes d’un même territoire forme « un système de villes » ; un système de villes, est un ensemble de villes dont les évolutions sont rendues cohérentes, interdépendantes par les multiples interactions qu’elles ont entre elles : des échanges, des réseaux et des relations de concurrence et de complémentarité. En somme, « un système de villes »  désigne l’ensemble organisé des villes d’un même territoire. Le système de villes est souvent considéré dans le cadre d’un territoire national, car c’est à ce niveau que se définissent des règles qui assurent l’homogénéité des conditions du fonctionnement social et économique.

L’étude du « système de villes » d’un même territoire n’a pas seulement pour objectif de fournir des typologies ou des classements de ces villes. Elle s’attache principalement à l’observation et à la formalisation des principes qui expliquent l’émergence et l’évolution de ces structures.

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URBANISATION ET INDUSTRIALISATION

LES VILLES SONT LES MOTEURS DU DÉVELOPPEMENT ECONOMIQUE DES NATIONS

Les villes sont les moteurs du développement économique des pays. Publié le 12 décembre 2017 un article du journal Jeune Afrique a rapporté les conclusions de la Banque mondiale sur les prévisions de développement de la ville de Lagos en 2016. Son PIB était estimé à 136 milliards de dollars, supérieur à celui de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Cameroun réunis. Une ville peut donc être plus productive qu’un ou plusieurs pays à la fois. Cependant, la ville de Lagos avec un large déficit en infrastructures urbaines, n’exploite qu’une infime partie de son potentiel économique comme pour presque toutes les villes en Afrique. Par exemple elle n’arrive pas à fournir une énergie sûre et économique à ses habitants et aux industries banalisation ainsi l’utilisation de groupes électrogènes, ce qui entre autre, rend onéreux le coût de la vie et très peu compétitif les prix des produits des entreprises locales, etc…

L’ECONOMIE MODERNE EST INDUSTRIELLE, URBAINE, A HAUT NIVEAU DE PRODUCTIVITÉ ET A HAUTE INTENSITÉ D’ENERGIE.

 Aucun pays au monde ne s’est développé sans s’urbaniser et très peu sans s’industrialiser. Des experts de la Chine et des pays de l’Asie du Sud Est affirment qu’aucun pays ne peut éliminer la pauvreté sans s’industrialiser. Or, les villes concentrent l’activité économique moderne ; l’industrie et les services à haute valeur ajoutée. Le dernier exemple en date est la Chine. En 2013, 690 millions de Chinois vivaient dans les villes contre moins de 200 millions en 1980. A ce rythme, ils seront un milliard en 2030. En 2010 la Chine comptait 94 villes de plus d’un million d’habitants, les prévisions sont de 143 villes de plus d’un million d’habitants en 2025 soit une augmentation 52% en 15 ans. Cette urbanisation ultrarapide couplée avec une industrialisation tournée vers l’exportation ont fait de ce pays l’usine du monde et la deuxième puissance économique mondiale. Avec une intervention vigoureuse du gouvernement et la mise en œuvre de politiques cohérentes, elle a aussi su utiliser les Investissements Directs Etrangers (IDE) implantées dans ses mégapoles industrielles, pour bâtir et développer son propre écosystème scientifique et d’innovation et devenir une puissance scientifique et technologique de rang mondial, une puissance militaire et spatiale, en l’espace de 40 ans. Au contraire de l’Europe qui a mis 200 ans pour s’industrialiser. Selon JLL une entreprise de promotion immobilière, Beijing, Shanghai and Shenzhen font partie des 20 villes les plus innovatrices du monde. Cette industrialisation à marche forcée est basée sur l’utilisation massive du charbon comme source d’énergie, abondant et moins chère, mais extrêmement polluant et dangereux pour le climat, rendant ainsi la dégradation de l’environnement le point faible de cette politique de développement. Selon l’OMS, sept (7) des villes les plus polluées au monde étaient en Chine en 1998.

 

L’INDUSTRIE LEGERE EST SYNONYME D’EMPLOIS DE MASSE MAIS TRES SENSIBLE AUX COUTS DE  LA MAIN-D’ŒUVRE

Avec l’adoption de la politique « des nouvelles routes de la soie ou  Belt and Road Initiative (BRI)» en 2013, la Chine a amorcé une autre phase de son développement économique centrée sur les investissements massifs en infrastructures, à l’intérieur et surtout en dehors du pays. Dans cette logique, elle va délocaliser plusieurs millions d’emplois de l’industrie légère dans les années à venir, à cause du vieillissement de sa population, de la diminution des populations issues des zones rurales, réservoirs d’employés moins chers pour les industries urbaines et l’augmentation du coût de la main-d’œuvre locale. Les pays africains pourraient bien se positionner pour accueillir ces emplois dont ils ont besoins s’ils parviennent à créer les conditions de leur implantation. L’Afrique offre en effet des atouts importants, la création d’une Zone de Libre Echange Economique qui constitue un marché de 1,2 milliards d’habitants, le troisième marché au monde après les marchés Chinois 1,4 milliards d’habitants, et Indien avec 1,3 milliards de consommateurs et loin devant ceux des USA et de l’Europe, la proximité du marché Européen et une population jeune et pauvre ; une main d’œuvre disponible. Cependant, la création de centres de formation spécialisés, d’infrastructures selon les standards internationaux, de Parcs Industriels ou de Zones Economiques Spéciales dédiés et/ou le développement de systèmes de transports publics performants et moins chers, qui réduisent la congestion et les coûts de déplacement des ouvriers ainsi que des logements décents et abordables pas très éloignés des zones d’emplois seront nécessaires. L’enjeu est d’intégrer les chaînes de valeur globale de la nouvelle division du travail dans le monde, où, les étapes de production à forte intensité de main-d’œuvre des entreprises multinationales sont souvent délocalisées vers des pays où le niveau de salaire est plus faible, tandis que les services de marketing et de distribution sont maintenus dans le marché de consommation finale. C’est en réalité, un enjeu de connectivité, l’Afrique est le continent le moins connecté aux réseaux mondiaux de production et d’échanges de produits manufacturiers fautes d’infrastructures et services de connectivité  abordables et de qualité.  

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L’Afrique est le dernier continent au monde à s’engager sur la voie de la transition urbaine, à un rythme effréné ; on parle de turbo urbanisation. Selon l’hebdomadaire « Témoignage chrétien », Paris a mis 100 ans pour passer de 500 000 à 5 millions d’habitants. Lagos, en seulement quarante ans. Et selon McKinsey, il y aura 100 villes africaines de plus d’un million d’habitants d’ici 2025 contre 3 seulement en 1950. Pour l’ONU, la population urbaine de l’Afrique passerait de  40% en 2010, à 50% en 2035 et 60% en 2050. Toutefois, alors que l’urbanisation de la Chine est tirée par l’immigration des populations rurales en vue d’occuper les emplois industriels dans les villes, en Afrique, l’urbanisation en cours est essentiellement le fait d’une croissance démographique naturelle. En 2019, 60% des urbains africains vivent dans des bidonvilles et plus de 80% des emplois sont fournis par l’économie informelle. Cette économie dite informelle est peu productive et ne concerne majoritairement que les jeunes qui ont un faible niveau de formation. Il n’existe pas encore un secteur d’entreprises formelles capable d’absorber les 1,2 millions de nouveaux diplômés qui entrent sur le marché du travail chaque année. On assiste donc à un chômage massif des jeunes diplômés et à un sous-emploi des moins éduqués par un secteur informel peu productif. L’Afrique a négligé d’investir dans ses villes qui accusent dès lors un très grand déficit en infrastructures pour être productives. Elles sont fragmentées, encombrées, onéreuses pour les populations comme pour les entreprises. Si ces sous-investissements chroniques devraient persister, le futur urbain africain serait une urbanisation de « bidonville » selon les termes de Edgar Pieterse (Directeur de African Centre of Cities : ACC). C’est une urbanisation qui produit des villes avec un dysfonctionnement structurel persistant, qui perpétue des villes consommatrices et non productives, incapable de générer des ressources financières suffisantes pour investir dans les secteurs économiques créateurs d’emplois. Des villes qui reproduisent une économie et un habitat informel et qui échouent à gérer efficacement les externalités négatives associées au fonctionnement de toutes les villes ; expansion spatiale incontrôlée, congestion, dégradation de l’environnement, accroissement des inégalités et des violences sociales, etc.

 

UTILISER L’URBANISATION POUR TRANSFORMER LES ECONOMIES AFRICIANES : PASSER D’UNE ECONOMIE DOMINEE PAR LE SECTEUR PRIMAIRE A UNE ECONOMIE TIREE PAR L’INDUSTRIALISATION 

  • D’ABORD ET AVANT TOUT REALISER LES FONDAMENTAUX ; INVESTIR DANS LES INFRASTRUCTURES; ENERGIE, ELECTRICITE, TRANSPORTS…

Les villes sont les lieux où se réalisent l’essentielle des activités économiques modernes, les lieux de transformation de l’économie. Ce sont les lieux privilégiés de localisation des industries à cause de la concentration de populations et de la diversité des talents. Et ces industries permettent d’augmentent par six fois la productivité des facteurs par rapport au secteur agricole, on parle du « miracle de la productivité ». Les villes sont aussi de grands marchés de consommation y compris la consommation de produits agricoles et sont dès lors indispensables pour la prospérité des zones rurales. Cette situation est loin d’être automatique, pour rendre les villes productives et compétitives, les Etats en plus de l’amélioration du climat des affaires et de promouvoir des politiques de soutien aux entreprises, doivent offrir aux populations et surtout aux industriels des services de transports, de télécommunications, de main d’œuvre, d’énergie, de terrains industriels et de services financiers à des coûts les plus compétitifs possibles dans un monde de plus en plus globalisé. Ces facteurs de production impactent en effet, les prix de vente des produits manufacturiers finaux. Aujourd’hui, l’Afrique pratique les prix les plus élevés au monde en matière de transport de personnes et de frets, d’énergie et de télécommunications, à cause de l’immense déficit en infrastructures urbaines. Quant aux terrains industriels, les Zones Economiques Spéciales et autres Zones Industrielles, ils ne sont pas encore pris en compte dans les politiques de développement et d’investissements de la plupart des Etats africains. Pour les services financiers, les  taux de crédits sont parmi les plus élevés au monde et sont donc  non performants.

Les infrastructures de réseaux ou de connectivité sont celles qui permettent de relier les réseaux de villes et faciliter la production et la circulation des biens, mais aussi des personnes, des idées, des capitaux et des talents à l’intérieur, entre les villes et leurs zones d’approvisionnement et marchés ruraux. Le Financement, la Production et la Gouvernance de ces infrastructures doit être la priorité des Etats s’ils veulent attirer les Investissements Directs Etrangers (IDE), promouvoir les exportations et/ou favoriser la naissance d’un secteur privé local fort. Les Etats doivent aussi financer massivement des villes compactes et adopter des politiques transparentes et efficaces de gestion foncière urbaine. La ville compacte est réputée optimiser les investissements dans les infrastructures de réseaux, permettre une grande fréquentation des transports publics et favoriser leur rentabilité financière. En résumé, elle est réputée atténuer la plupart des externalités négatives que produisent toutes les villes et renforcer la productivité de l’économie locale.

Les infrastructures de réseaux sont les supports de développement des activités économiques et à la base de la vie sociale dans les villes. En effet, il ne peut avoir de villes sans énergie, ni d’industrie sans énergie et on ne peut pas être visible ou exister dans un monde dominé par le numérique et qui dépend de plus en plus de la  « technologie en  nuage ou cloud» encore très gourmande en énergie. Or l’Afrique est à la traîne du reste du monde en matière de consommation d’énergie et de production d’électricité. Selon l’Africa Panel, Progress, 2015 ; « L’Afrique subsaharienne souffre d’une grave pénurie d’électricité. La capacité de production énergétique des réseaux électriques de la région se limite à 90 gigawatts (GW), dont la moitié est concentrée dans la seule Afrique du Sud. L’Espagne consomme plus d’électricité que l’ensemble de l’Afrique subsaharienne». Et, « À l’exception de l’Afrique du Sud, la consommation moyenne se situe autour de 162 kilowattheures (kWh) par habitant et par an, alors que la moyenne mondiale tourne autour de 7 000 kWh ». Le continent compte des pays parmi les plus gros producteurs de pétrole au monde avec à peine deux raffineries fonctionnelles. La production pétrolière est exportée sous forme de matière première brute comme la plupart des ressources naturelles et agricoles. Les produits pétroliers raffinés souvent de mauvaise qualité sont ensuite importés.

 Quant aux infrastructures de transport (routes, rails, ponts, ports, aéroports, gares, etc.) les déficits sont légion et les services de transport urbains sont presque partout en Afrique dominé par le secteur informel à 90%, devant un transport collectif public qui peine à exister. Le transport maritime est encore embryonnaire, il n’existe aucune compagnie aéraine de rang mondial en Afrique et le transport ferroviaire est sur le déclin dans un continent aussi vaste que plusieurs continents réunis.

Les services de télécommunications ont fait une percée remarquable en Afrique mais les investissements dans les infrastructures doivent se poursuivre pour renforcer le haut débit, réduire la fracture numérique entre territoires et réduire les coûts des services du téléphone et de l’Internet. Selon l’Institution Brookings, le coût d’accès à Internet en Afrique est en moyenne de $119/mois contre une moyenne globale de $73/ mois.

L’eau potable se positionne de plus en plus comme une ressource rare à cause des irrégularités constatées dans les saisons pluvieuses et le dérèglement du cycle de l’eau qui s’en suit, accélèrent l’épuisement partout dans le monde des nappes phréatiques et des retenues d’eau. Les impacts des changements climatiques, l’augmentation de la demande en eau potable par la croissance de la population globale et de la population urbaine en particulier, obligent les pouvoirs publics à revoir leur politique d’offre en eau potable avec une ressource limitée. La plupart des grandes villes africaines font face à cette difficulté d’approvisionnement en eau potable sûre et abordable des populations et des industries, indispensable pour une bonne qualité de vie et le développement industriel. Le défi environnemental issu du rejet de l’eau consommé rend indispensable la prise en compte de l’assainissement dans les politiques de fourniture d’eau potable aux populations comme aux industries.

  • ENSUITE RENFORCER LA PRODUCTIVITE DES ENTREPRISES ET CREER UN TISSU INDUSTRIEL NATIONAL VIABLE

La Chine et les pays de l’Asie du Sud-Est y sont parvenus par une politique industrielle tournée vers l’exportation. Les outils utilisés sont ; les Parcs et Zones Industriels et les Zones Economiques Spéciales de standard international. Elles permettent de garantir la fourniture aux industries, de terrains industriels, de l’électricité, des services de télécommunications, de l’eau et de la logistique dont elles ont besoin. Elles permettent aussi le regroupement d’entreprises complémentaires et/ou similaires. Pour les zones économiques spécialisées, l’implantation d’IDE ainsi que le ciblage de l’exportation semble être les conditions de succès. Exposées aux exigences du marché international, les entreprises sont obligées de fabriquer des produits de grandes qualités, d’adopter de technologies et des systèmes de management innovants et d’augmenter la productivité. Les entreprises exportatrices paient de hauts salaires par rapport aux entreprises locales, augmentant ainsi, le nombre de la population de la classe moyenne. Avec un pouvoir d’achat important, la classe moyenne favorise à son tour le développement des entreprises et services destinées aux marchés locaux (les entreprises immobilières, agro-alimentaires, mais aussi les restaurants, les salons de coiffure, le commerce, la santé, etc.). Renforcer les capacités des entreprises nationales engagées sur le marché international ainsi que favoriser et renforcer leurs échanges avec les entreprises issues des IDE et les entreprises locales permettent de créer un écosystème industriel national performant. Intégrer les industries, les universités et les centres de recherches dans les différentes chaînes de valeur des productions industrielles permet de développer et de moderniser un écosystème scientifique national et d’innovation. Il va s’en dire que les entreprises exportatrices ont besoins d’infrastructures portuaires et aéroportuaires performantes et moins chères.

  • CIBLER LES EXIGENCES ET LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE (ODD)

Les villes son très vulnérables aux impacts du changement climatiques et aux pollutions de l’environnement. La concentration de populations, l’accumulation d’infrastructures physiques et la présence des moyens de production des industries, rendent les conséquences des chocs dus aux évènements extrêmes et à l’environnement dévastatrices ; énormes dégâts matériels, pertes en vies humaines, arrêt de l’activité économique, etc. Si les infrastructures de connectivité sont essentielles au développement de l’industrie nationale, elles jouent aussi un rôle de premier plan dans l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD). L’Objectif n°9 des ODD intitulé «Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation» est consacré aux infrastructures. Les besoins en matière d’infrastructures au niveau mondial sont estimés par l’OCDE à 100 milliards de dollars par an.  Le Financement, la production et la Gouvernance de ces infrastructures doivent favoriser les infrastructures durables ; énergies propres, Parcs industriels écologiques, services de transports collectifs, utilisation de véhicules électriques, etc.

L’utilisation du numérique peut aider à accélérer l’efficacité dans l’énergie, les transports, etc. Le Développement Durable prône un changement de paradigme, faire passer d’un développement seulement quantitatif, le montant de PIB à un développement de  qualité, basé sur la qualité de l’environnement, la qualité de vie, l’inclusion sociale, etc.

Il a fallu que la Corée du Sud vive le phénomène de réfugiés de l’environnement de la ville industrielle d’Ulsan dans les années 1980 pour adopter des mesures vigoureuses de lutte contre la pollution industrielle et promouvoir les Eco-parcs industriels. Aujourd’hui la Chine est leader mondial après le retrait des USA de la COP 21 en matière d’énergies propres (hydroélectricité, énergie solaire, énergie éolienne, véhicules électriques, etc.) après avoir expérimenté la pollution de l’air dû à l’utilisation massive du charbon comme source d’énergie. L’Afrique peut attirer les IDE vers les infrastructures durables si le continent dispose de politiques d’investissements claires et cohérentes et d’un vrai pouvoir de négociation avec la Chine et les autres pays et institutions de financement des investissements.

L’Afrique a la population la plus jeune au monde et entamera bientôt sa transition démographique. Elle doit offrir à ses nombreux jeunes des emplois décents aux risques d’alimenter l’immigration clandestine, les extrémismes religieux et les violences sociales, souvent urbaines. L’impératif de création d’emplois ne peut se faire sans rendre les villes fonctionnelles, productives et compétitives. Urbanisation et dividendes démographiques sont donc étroitement liés. L’Afrique peut produire une bombe démographique ou un développement industriel comme celle de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon, si elle investit dans ses villes pour les rendre productives au moment où elle entame aussi sa transition urbaine. Rendre ses villes productives, compétitives et durables est un enjeu de survie.

Toutefois, l’opportunité de développement industriel suivant l’exemple de la Chine ou l’ancien modèle semble être compromise à long terme voire à moyen terme à cause de l’impact du numérique et de l’automatisation sur la nature même du travail de production. Avec la maturation des innovations comme l’Intelligence Artificielle, la Robotique, la Réalité virtuelle, la Réalité Augmentée, etc. et leur intégration dans la production industrielle, l’Industrie 4.0 sera totalement différentes de celle d’aujourd’hui. Les coûts de production industrielle pourraient totalement baissés et limités les délocalisations et la recherche permanente de moindres coûts de production. L’Afrique n’a qu’une fenêtre d’opportunité de 5 à 10 ans  pour promouvoir les activités industrielles, moderniser et renforcer ses capacités technologiques et s’adapter efficacement à l’industrie 4.0. Pour ce faire, il faut d’ores et déjà investir dans les sciences et technologies du numériques

  • ENFIN, INVESTIR MASSIVEMENT DANS LES SCIENCES ET TECHNOLOGIES DU NUMERIQUE POUR RENDRE LES VILLES CONNECTEES OU  « INTELLIGENTES »

Les villes de demain seront imprégner du numérique avec les véhicules autonomes, les routes intelligentes, l’Intelligence Artificielle, la Réalité Virtuelle, la Réalité Augmentée, la robotique, etc. La prépondérance de l’Internet et la montée en puissance de la technologie du « cloud » ou en nuage, qui facilitent les connections à travers le monde entier démontrent déjà l’importance du numérique dans la vie de tous les jours. Dans un futur proche cependant, les algorithmes piloteront presque toutes les activités humaines, transformant la nature même du travail qu’il se conçoit aujourd’hui. L’analyse des grandes masses de données accessibles grâce au numérique permet une connaissance plus fine des centres urbains et facilitent leur planification, la gestion intelligente du trafic et de l’énergie ; des infrastructures. Les technologies du numérique permettent également la participation et l’engagement des citoyens à travers la prolifération des réseaux sociaux, mais aussi de développer de nouveaux services comme l’économie du partage, etc.. Appliquer à la ville le numérique peut améliorer notablement leur  gestion et les rendre plus sobre, plus inclusive, et durable. Les projets de villes intelligentes en cours en Afrique cependant, ne se focalisent  que sur la création de villes nouvelles financées par le secteur privé et centrées sur le numérique. Il s’agit de  Konza City, Kenya; HOPE City, Ghana ; Sèmè City, Benin ; Silicon Cape, Afrique du Sud et Yabacon Valley, Nigeria etc.. Si les prévisions d’augmentation des populations urbaines sont énormes, nécessitant la création de nombreuses villes nouvelles, force est de constater qu’en matière de numérique les villes existantes, les plus grandes, sont déjà hyper connectées et doivent pouvoir bénéficier des apports du numériques dans leurs gestion.

 Par ailleurs, l’industrie 4.0 issue de l’application des sciences et technologie du numérique à l’industrie, rendrait les coûts de fabrication des produits manufacturiers moins chers, et élimirait les délocalisations. Ainsi, la Chine a déjà commencée à délocaliser ses entreprises légères pour s’engager résolument dans les sciences et technologie du numérique et dans les technologies des énergies propres (véhicules électriques, énergies solaires et éoliens, barges hydroélectriques, énergies thermiques, etc.) jugées indispensables pour l’économie du futur.

Les prérequis pour participer efficacement au développement de ces nouvelles technologies restent l’existence d’une énergie électrique durable, abondante, abordable et sûr et des infrastructures de Technologie de l’Information et de la Télécommunication (TIC) (Câbles internationaux de réseau internet sous-marins, satellites, réseaux fixes basé sur la fibre optique et réseaux mobiles, capteurs, data canters, etc.) qui facilitent une accessibilité à moindre coût à la téléphonie mobile et à l’internet pour tous, et spécialement pour les centres de recherches, les entreprisses et les start-up. De plus, proposer un cursus d’éducation et de formation de niveau mondial ciblés sur les sciences et technologies du numériques est un préalable incontournable.

En conclusion, l’entreprise 4.0 ne crée pas d’emplois de masse, elle exige comme l’industrie lourde, des emplois hautement qualifiés. Une qualification de niveau universitaire voir doctoral qui font encore défaut en Afrique. Mais les villes et les infrastructures de base (énergie, transport, TIC, etc.) restent les supports indispensables pour le développement de la technologie et de l’innovation. Leur amélioration en Afrique n’est pas une option.