LEҪONS DE LA COVID-19 : REPENSER COMMENT NOURIR LES VILLES AFRICAINES ET ACCELERER LA PROPOSPERITE DES ZONES RURALES.

Ou comment faire de l’urbanisation un levier de croissance économique inclusive. Ne laisser aucune personne ni aucun territoire de côté.

SATISFAIRE LA DEMANDE D’UN MARCHE ALIMENTAIRE URBAIN TRES DYNAMIQUE, MAIS EXIGENT ET COMPETITIF PAR LES AFRICAINS

Selon la Banque Mondiale le marché alimentaire en Afrique, sera de 1000 milliards de dollars US par an en 2030, avec une forte croissance de la demande tirée par une classe moyenne en pleine expansion, qui exige des aliments de qualité, abordables et nutritifs sans considération leurs origines. Les villes africaines offrent actuellement les marchés agricoles les plus vastes et les plus dynamiques d’Afrique, d’environ 350 milliards de dollars US par an. Sur un total de 200 à 250 milliards de dollars US par an de ventes alimentaires en milieu urbain, plus de 80% proviennent de fournisseurs nationaux africains.  Ces fournisseurs locaux sont pour la plupart constitués par l’ensemble des petits producteurs familiaux qui sont de Très Petites Entreprises (TPE) de fait du secteur informel, exposés aux marchés urbains et à la concurrence internationale. Repenser l’alimentation des villes c’est prendre en compte cet aspect entrepreneurial des exploitations agricoles familiales, les organiser, les accompagner et les intégrer dans les Chaînes de Valeur de leur filière. En effet, leurs produits sont vendus directement à la ferme (bord champ) ou sur les étals des marchés locaux ou sont exportés à l’échelle nationale voire internationale au travers d’intermédiaires qui en retirent tous les bénéfices, limitant ainsi le niveau des investissements et donc le développement de ce secteur. 

Une chaîne de valeur est, par définition, un partenariat stratégique entre des entreprises interdépendantes qui entretiennent des liens de collaboration pour apporter progressivement une valeur ajoutée aux consommateurs finaux, ce qui se traduit par un avantage concurrentiel collectif. Les chaînes de valeur permettent aux entreprises de répondre aux besoins du marché en mettant les activités de production, de transformation et de commercialisation en adéquation avec les demandes des consommateurs. Pour bien vendre, le producteur doit comprendre les besoins des autres acteurs de la chaîne de commercialisation en termes de qualité, de quantité et de période.

La promotion des Chaînes de Valeur Agricoles (CVA) est une approche indispensable pour le développement du marché alimentaire urbain. La coopération au développement (CD) allemande a identifié cinq champs d’actions prioritaires pour aider à relever les divers défis au sein des chaînes de valeur. Ce sont :

  1. Le développement du secteur privé ;
  2. Le développement du marché ;
  3. Le développement des organisations, des institutions et des relations commerciales ;
  4. L’accès à l‘information, à la technologie ainsi qu’aux services de conseil et financiers ;
  5. Les Normes de qualité et certification.

Une brève analyse de ces priorités révèle que l’agriculture ne concerne pas uniquement le milieu rural, elle implique le milieu urbain qui intervient pour plus de 50% dans les activités à mener pour moderniser et dynamiser ce secteur et briser le traitement des acteurs en silos. Car si tous les acteurs de la chaîne travaillent ensemble, les risques sont réduits et les revenus de tous sont améliorés.

Toutefois, l’autorégulation de la filière à travers des organisations interprofessionnelles peut être très utile mais elle n’est pas adaptée à tous les contextes et nécessite des préalables et notamment des organisations sectorielles fortes.

De plus, la régulation des filières par l’Etat peut être très utile si elle est bien faite et répond aux besoins de l’ensemble des acteurs de la filière. Par exemple, fixer des règles pour que les acteurs les plus forts de ces filières ne bénéficient pas seuls de son fonctionnement, etc.

  • INFOGRAPHIE DES CHAINE DE VALEUR AGRICOLES (source: nous même)

ETAPE 1

PRODUCTION

INTRANTS

EXTRANS (PRODUITS)

Parcelles agricoles

Mécanisation

Fertilisation des sols

Amélioration des Semences & Semenciers

Engrais & Produits phyto

Météo et Saisons

Stockage

Logistique

Système d’info – Prix marchés

Stabilisation

de la Propriété Foncière

Amélioration de la productivité

Amélioration des

ventes

SCIENCE ET R&D

ETAPE 2

TRANSFORMATION

PRODUITS

(de transformation)

Packaging 

(EMBALLAGES)

Marketing

R&D entreprises – Contrats d’achat -RSE en faveur des producteurs  

ETAPE 3

DISTRIBUTION

Gros

Demi-gros

Détails

Contrats d’achat – RSE en faveur des  producteurs 

ETAPE 4 & ETAPE 5

CONSOMMATION & EXPORTATION

ACHATS

SI LES VILLES SONT LES MOTEURS DE DEVELOPPMENT DES PAYS, LA NOURRITURE EST LE CARBURANT QUI FAIT FONCTIONNER CES MOTEURS

Plus de 80% du PIB global est généré dans les villes, elles constituent le moteur du développement économique des pays sur tous les continents y compris en Afrique au Sud du Sahara. La plupart des activités urbaines sont du secteur non agricole. Les urbains sont donc des consommateurs nets de produits agricoles.

Pour satisfaire la demande locale, l’Afrique importe plus de 35 milliards de dollars de nourriture par an (BAD).  De plus, l’âge moyen des agriculteurs africains est estimé à plus de 50 ans en moyenne. Cette double contrainte impose une reforme sans délai de ce secteur qui par ailleurs emploi plus de la moitié de la population active en Afrique.

  • REDUIRE LES INEFICIACITE DANS LES CHAINES DE VALEUR AGRICOLES

L’étape 1 des Chaînes de Valeur Agricoles est la production. Cette étape dépend presqu’entièrement de la Science (techniques agricoles) et de la R&D, pour la fertilisation des sols, l’amélioration des semences et leur diffusion, de l’utilisation des engrais appropriés et des produits phytosanitaires, etc. Les agriculteurs, doivent connaître cet environnement, en comprendre les règles et bénéficier de l’encadrement nécessaire pour en tirer tous les bénéfices ; l’amélioration de leur productivité. Les Etat doivent créer les conditions pour améliorer la productivité agricole en Afrique qui est l’une des plus faibles au monde et favoriser l’insertion des petits producteurs ou de leurs organisations dans les CVA.

L’étape 2 la Transformation. Elle est l’étape la moins développée en Afrique. Cependant, elle constitue l’étape la plus flexible et la plus productive de la CVA. Avec une matière première comme la Mangue, les produits de la transformation sont infinis et ne sont limités que par la rentabilité et la demande des produits, c’est-à-dire le marché. En effet, on peut produire avec cette seule matière première brute, de la Conserve de Mangue, de la Confiture de Mangue, de la Mangue Séchée, du Jus de Mangue, du Nectar de Mangue, des Galettes de Mangue, etc. La transformation permet d’ajouter de la valeur à la matière première, d’élargir les marchés des producteurs. En fait, chaque étape dans les Chaîne de Valeur Agricoles ajoute de la valeur à la précédente. Ainsi, le marché de chocolat est de 100 milliards de dollars par an contre seulement 2%, soit 2 milliards de dollars par an pour le marché de fièvres de cacao. En fin, la transformation  favorise aussi la création d’emplois et surtout l’innovation.

Le Packaging ou la fabrication d’emballages est encore nouveau en Afrique.

Les étapes 3, 4 et 5 ont besoins du développement de la logistique ou transport de frets et de la facilitation des opérations à l’export.

Dans un contexte de contraintes à l’export et des perturbations des importations à cause de la Coid-19, les CVA doivent être développées et renforcées pour servir efficacement les marchés locaux et ajouter de la valeur aux matières premières brutes pour rendre leurs propres à exportations.

 

  • LE ROLE DE LA TECHNOLOGIE DU NUMERIQUE (AGRITECH) DANS LE DEVELOPPEMENT DE DES CHAINES DE VALEUR AGRICOLES

L’agritech peut-elle permettre de bouleverser les pratiques dans l’agriculture africaine ? Les experts de l’Agritech prédisent que les nouvelles technologies pourraient accompagner l’Afrique et en faire le « grenier du monde ». Pour eux, la digitalisation devient une nécessité qui doit être intégrée dans le secteur agricole africain pour booster les chaines de valeur et développer l’agriculture traditionnelle.

De fait, les initiatives dans ce secteur en Afrique sont nombreuses. Selon un article de Jeune Afrique publié en 2018, « un rapport publié en juin 2018 par le cabinet de conseil Dalberg dénombre 390 solutions numériques pour l’agriculture en Afrique ». Elles couvrent tous les services et acteurs de toutes les Chaînes de Valeur Agricoles ; de la mise en relation de petits producteurs avec des revendeurs informels, au financement des exploitations en ligne et le conseil technique via les téléphones mobiles, etc. Toutefois, des défis restent à relever tels que :

  • Le financement des star-up numérique ; selon Jeune Afrique, les investissements privés dans les solutions numériques pour l’agriculture se sont élevés à 47 millions d’euros en 2018, contre plus de 400 millions d’euros pour la fintech ;
  • La nécessité de sensibiliser les petits agriculteurs sur l’importance de ces nouveaux outils ;
  • La « plateformisation » d secteur ; À l’image du reste de l’économie, le secteur agricole s’est récemment engagé dans un mouvement de « plateformisation ». Ce qui exige une régulation dans la gestion des données produits par ce secteur d’activité par les Etats africains.

 

LES ENORMES OPPORTUNITES DE LA REDUCTION DES IMPORTATION EN AFRIQUE. UN SECTEUR QUI ATTIRENT LES PLUS GROSSES FORTUNES DU CONTINENT

Actuellement, le continent africain compte 1,2 milliard d’habitants, il en comptera près du double en 2050 et 1,2 milliards d’urbains à cette date. Nourrir tout ce monde trois fois par jour, est un enjeu intimidant, mais aussi une opportunité d’affaires que les plus grandes fortunes en Afrique ont décidé de saisir.

Le marché de l’import substitution est celui auquel s’est attaqué le milliardaire Nigérian et l’homme le plus riche d’Afrique « ALIKO Dangoté ». Après le ciment et la construction d’une raffinerie de pétrole pour réduire la dépendance de son pays mais aussi de toute l’Afrique à ces importations, l’agro-industrie est l’un des secteurs dans lequel il investit le plus ; dans la production de sucre depuis les plantations de canne à sucre, la culture et la transformation de riz, la construction d’usine de fabrication de tomate en patte, etc., pour nourrir en quantité mais surtout ne qualité une population de plus en plus riche.

Un autre homme d’affaires Nigérian, intéressé par l’agriculture, Abdul Samad Rabiu a déclaré : « Avec une agriculture forte, nous n’aurions même plus besoin du pétrole.

Le secteur de l’alimentation des villes en Afrique est donc un secteur économique et d’investissement porteur que le secteur privé doit prendre au sérieux.

LA TRANSITION VERS UNE AGRICULTURE DURABLE. L’EXEMPLE DU CENTRE SONGHAI, POUR UNE AGRICULTURE BIO ET DURABLE (AGRO-ECOLOGIE)

Le changement climatique et les bouleversements qu’il entraîne a souligné la nécessité de tendre vers des économies viables tout en répondant aux besoins primaires de chacun. Parmi ces derniers, se trouve l’alimentation. Avec une population en constante augmentation, l’agriculture durable constitue l’un des enjeux majeurs de notre temps et ce, particulièrement pour les pays du continent africain.

Le centre songhaï au Benin, est à la fois une école, un centre de recherche et d’expérimentation, un exemple Africain à diffuser sur le continent et à montrer au monde entier.