URBANISATION RAPIDE EN AFRIQUE. QUELLE FILIERE DU BTP POUR RELEVER LES DEFIS DES BESOINS MASSIFS DES POPULATIONS URBAINES ?

LE SECTEUR DU BTP EN AFRIQUE FAIT FACE A DES BESOINS MASSIFS LIES A LA CROISSANCE RAPIDE DE LA POPULATION URBAINE ET AU RETARD DU CONTINENT DANS LES INFRASTRUCTURES ECONOMIQUES

  • LES 2/3 DES ESPACES URABAINS EN AFRIQUE SONT A CONSTRUIRE

Selon l’OCDE, entre 2020 et 2035, la population urbaine en Afrique devra compter 380 millions d’habitants supplémentaires, soit un peu plus que la taille de la population actuelle des Etats-Unis d’Amérique. En fait, les experts ont prévu qu’entre 2015 et 2050 la population urbaine devra être multipliée par trois (3) et devra atteindre à cette horizon, les 1,2 milliards d’habitants.

 Il faut un secteur de BTP performant pour assurer un niveau de développèrent de la construction de logements et des infrastructures à même de satisfaite les besoins des populations. C’est l’un des secteurs d’activité les plus actifs au monde, indispensable au développement économique et à la qualité de vie des populations. Des infrastructures efficaces relient les différents secteurs économiques, donnent de la cohérence au système de production, réduisent les écarts d’opportunités entre les villes et les campagnes et permettent une meilleure distribution des richesses entre les différentes strates de la société et les entre les zones urbaines et rurales. L’expression physique de la croissance économique est assurée par le niveau de développèrent de la construction de logements et des infrastructures.

Mais c’est dans les villes que le BTP s’exprime le mieux avec la construction de grattes ciels de plus en plus hauts, des chefs-d’œuvre architecturaux dans les bâtiments, des ouvrages d’art extraordinaires, des ports et aéroports de rang mondial, etc. qui déterminent le statut et l’identité des villes. Ainsi, la ville est-elle perçue comme le produit du seul secteur du BTP. Cependant, l’étalement urbain qui se caractérise par le développement de l’espace urbain bâti plus rapide que la taille la population d’une ville, fait penser à la planification urbaine, responsables de la forme urbaine (ville compacte ou ville étalée). En somme, le secteur du BTP doit faire face aux problèmes de l’artificialisation des sols, de l’érosion de la biodiversité, des émissions de CO2 et du réchauffement climatique.

Le secteur du BTP est aujourd’hui dominé par les entreprises multinationales étrangères en Afrique. D’importantes quantités de matériaux de construction, mais aussi de machines, de matériels et d’équipements sont importées chaque année pour réaliser les travaux. Ce secteur pourrait être une source de création d’emplois verts pour les jeunes faces à des besoins toujours croissants. Pour ce faire, les Etats doivent encourager le développement de l’industrie des matériaux de construction et réduire les importations, favoriser l’exploitation des ressources naturelles dans un contexte de Développement Durable, et renforcer les bases d’une industrie locale par la création des champions locaux,

  • LA CREATION DE VILLES NOUVELLES POUR DESENGORGER LES GRNADES METRPOLES AFRICAINES EST-ELLE VIABLE ?

La plupart des grandes métropoles africaines avec plus du million d’habitants, sont toutes congestionnées du matin au soir. Le scénario est le même chaque jour de travail ; les véhicules enchevêtrés paralysent les villes dans un chaos de klaxons, de poussière, de chaleur, de fumées d’échappement de vieux véhicules importés et de pollution. Pour y faire face, les projets de smart Cities ou de villes nouvelles, se multiplient. On peut citer : Konza Technology City au Kenya et Kilamba en Angola en 2008, Vision City au Rwanda, 2011, Hope City au Ghana en 2013, Diamniadio au Sénégal en 2014, Sèmè City au Benin, Yennenga au Burkina Faso en 2017, etc.

La construction de ces villes se base sur la participation forte du secteur privé et surtout de l’implication des entreprises mondiales leader du numérique, la plupart d’entre elles ayant une grande composante technologique et numérique « villes intelligentes ».

Dans la pratique, la grande majorité de ces villes ressemblent plus à des villes dortoirs qu’à des villes prospèrent attractives, intelligentes et inclusives. En fait, ces villes manquent d’opportunité d’emplois. Les zones industrielles ou d’activités ne sont pas fonctionnelles et les services publics ne s’installent pas au rythme souhaité. Les Conséquences sont que les habitants repartent travailler dans les métropoles toutes proches, occasionnât des embouteillages énormes, qui les obligent à partir au travail à 4 h du matin et à en revenir à 24 h le soir, pour se soustraire de ces difficultés de circulation. La leçon à retenir, est que les logements ne font pas une ville, seules les activités économiques demeurent les fondements d’une ville fonctionnelle, les gens viennent en ville d’abord et avant tout pour chercher du travail. Multiplier les opportunités d’emploi et les gens suivront.

LE SECTEUR DES GRANDS TRAVAUX EST ENCORE DOMINE PAR LES GRANDES ENTREPRISES MULTINATIONALES DES PAYS DEVDLOPPES ET PAR LA CHINE

Dans la plupart des pays d’Afrique, les sociétés privées nationales de BTP ont du mal à entrer en concurrence, même sur le marché de leur propre pays, avec les grandes sociétés qui ont des activités internationales et offrent une vaste gamme de services spécialisés d’ingénierie et de gestion, avec des technologies avancées. La plupart des grands travaux de BTP en Afrique sont encore réalisés par les multinationales internationales, le plus souvent sous des contrats de Partenariat Public, Privé (PPP). Les projets concernés vont des stades olympiques, aux autoroutes, aux grands immeubles et la plupart des ouvrages d’art sur les fleuves et lagunes des grandes villes, les lignes de métro et les voies ferrées, les barrages hydroélectriques, les ports et aéroports, etc.

La particularité à souligner est la percée des entreprises chinoises dans ce secteur en Afrique. En fait, le Chine a réussi à classer en 2019, quatre (4) entreprises au quatre premier rang des leaders du BTP ou d’entreprises d’ingénierie au monde. Ce sont; China State Construction and Engineering, China Railway Construction, China Railways Group et China State Construction.

C’est plutôt une bonne nouvelles pour les entreprises africaines qui font une entrée timide sur le marché des grands travaux. Avec un soutien approprié des pouvoirs publics et la volonté de créer des champions locaux, ces entreprises pourront dans un avenir proche dominées le marché local. Pour l’heure, les entreprises européennes et chinoises accordent un grand intérêt aux profils d’ingénieur génie civil, sécurité ou travaux routiers, responsable de matériel, chef de chantier etc. pour renforcer leurs équipes sur leurs projets en Afrique, une opportunité pour faire progresser la formation des ingénieurs et technicien du secteur sur le continent.

  • L’INDUSTRIE DU CIMENT

Le développement de la Chine ces quarante dernières années a amené plus de 20 millions de Chinois à quitter la campagne chaque année, soit plus que la population totale de New York, Los Angeles et Chicago réunie et occasionné la construction de la plupart des grandes constructions du secteur du BTP équipements et ouvrages de base indispensable au développement économique et social. Ces réalisations ont conduit la Chine à produire et consomme environ 60% du ciment dans le monde. La construction du barrage des Trois Gorges, qui est considéré comme la plus grande centrale hydroélectrique au monde, a nécessité à elle seule 16 millions de tonnes. Selon les statistiques, la Chine a consommé 6,6 gigatonnes de béton entre 2011 et 2013, c’est plus que les États-Unis ont utilisé au cours du 20ème siècle. Tout ce que les États-Unis ont construit entre 1901 et 2000, tous ces gratte-ciels, ces autoroutes, ces barrages ont nécessité l’utilisation de 4,5 gigatonnes de béton.

Cette histoire donne un aperçu de la consommation de ce matériau indispensable au développement économique et social. Pour réduire les importations au Nigéria et sur le continent et abaisser les coûts à, la, consommation, l’entrepreneur ALIKO Dangoté s’est lancé dans la production de ciment dans son pays, le Nigéria, devenu exportateur et dans plusieurs pays à travers l’Afrique. L’usine de Obajana, Nigeria, l’une des plus grande en Afrique est alimentée par sa propre production d’énergie (4 turbine à gaz), gérée par la compagnie « General Electric (GE, USA) ». Cette situation permet à l’usine de maîtriser ses coûts de consommation d’énergie et d’assurer ses objectifs de production journalière sans coupure d’électricité. Les usines du Group Dangote produisent leur propre électricité dans la plupart des pays pour ces mêmes raisons. Toutefois la concurrence demeure et de nouveaux projets de construction de cimenteries sont financés par l’Inde, la Chine et la Turquie.

  • LE BETON PRET A L’EMPLOI (BPE) ET LA CREATION DE CENTRALES A BETON

Le béton prêt à l’emploi est fabriqué dans des centrales à béton. Les différents composants, dosés de façon précise, sont déversés dans un malaxeur, mélangés et brassés, avant d’être, à leur tour, déversés dans le camion malaxeur qui continue le malaxage pendant le transfert jusqu’au lieu de livraison.

Le transport du béton frais jusqu’au lieu où il est coulé fait appel à des camions malaxeurs munis d’une bétonnières rotative appelée toupie, dont la capacité est de 4 à 12 m3. Par sa composition, le béton est un produit frais. Il doit être mis en œuvre rapidement et sa durée de transport est donc limitée, sous peine de démarrer sa prise. Cependant il est transporté parfois dans des camions bennes pour certains bétons fermes.

C’est une activité qui est en plein essor, mais dominée globalement par les investissements d’origines étrangères dans la plupart des pays.

La demande en matériaux de construction reste forte en général et devrait augmenter au cours des prochaines années avec l’accroissement de la population. L’intérêt des investisseurs étrangers doit susciter l’engagement des Etats et du secteur privé à créer beaucoup plus d’activités. La liste non exhaustive ci-dessous peut être servir d’indication de niches à explorer.

  • ENTREPRISES DU PREFABRIQUES DE BETON ET D’AGGLOMERES ;
  • L’INDUSTRIE DES CARRIERES DE GRANULATS (SABLE ET GRAVIERS) ;
  • FABRICATION DE SANITAIRES EN CERAMIQUE ;
  • FABRICATION DE CARREAUX GRES CERAMES ET/OU DE CARREAUX DE SOL EN PIERRES RECONSTITUEES (GRANITO) ;
  • FABRICATION DE TUBES EN PVC ET EN POLYETHYLENE ;
  • FABRICATION DE TOLES ET FER A BETON ;
  • FABRICATION DE CABLES ELECTRIQUES POUR LES PROJETS D’ELECTRICITE ;
  • FABRICATION ET/OU LOCATION DE GROS ENGINS DE BTP ;
  • CONSTRUCTION D’INFRASTRUCTURES ENERGETIQUES PROPRES : BARRAGES HYDROELECTRIQUES, PARCS SOLAIRES, CENTRE DE BIOMASSE, SYSTEMES DECENTRALISES HYBRIDES POUR LE MILIEU RURAL
  • LE SECTEUR DE L’IMMOBILIER ET LE DEFI DU LOGEMENT ABORDABLE EN AFRIQUE

L’urbanisation rapide du continent africain ne s’est pas accompagnée d’une amélioration des conditions de logements. D’après la Banque mondiale, plus de 60% de la population urbaine africaine vit aujourd’hui dans les bidonvilles. L’institution prévoit également que l’Afrique pourrait compter jusqu’à 1,2 milliard d’habitants urbains, d’ici 2050, et 4,5 millions de nouveaux résidents dans des établissements informels chaque année, dont la plupart ne peuvent se permettre un logement formel de base ou accéder à des prêts hypothécaires. Le taux de bancarisation se situant aux alentours de 20% de la population active, les experts estiment qu’entre 3% à 10% de cette tranche de la population peut être éligible à un prêt hypothécaire.

Par ailleurs, les Etats se sont retirés du marché des logements depuis la période des politiques d’ajustement structurel des année 1980. Avec des interventions très limité, les Etats ont fait la place au seul secteur privé pour satisfaire les besoins en logements des populations urbaines. Dans cette situation, au moins 90% de la population ne peut satisfaire aux conditions d’acquisition et même de location de logements décents.

Les experts estiment qu’une gestion transparente du foncier urbain pourrait permettre de financier les infrastructures et équipements publics avec les plus-values foncières engendrées par les projets d’infrastructures et les opérations d’aménagement foncier d’une part, et, la production sur place de matériaux de construction de qualité et en grande quantité, d’autre part, pourrait baisser significativement les coûts des logements.

LA MAJORITE DES VILLES AFRICAINES SONT A CONSTRUIRE D’ICI A 2050 AVEC 1,2 MILLIARDS D’URBAINS ATTENDUS.

L’Afrique est le dernier continent au monde à s’urbaniser et les besoins pour loger, transporter, apporter des opportunités d’emploi, éduquer, soigner, etc. les populations supplémentaires, vont se renforcer au fil les années.

Le secteur du BTP doit donc s’organiser davantage pour mieux faire face aux besoins présents et futurs avec plus d’efficacité et à des coûts abordables sous une triple pression, les impacts à court, moyen et long terme de la maladie à COVID-19, les exigences du Développement Durable et les effets de la transformation digitale.

Les secteurs prioritaires à transformer comprennent ; les matériaux de construction, le matériel et l’équipement de construction et les services de construction (c’est-à-dire les connaissances techniques des ingénieurs, des architectes, des urbanistes, des métreurs, des entrepreneurs, des ouvriers spécialises etc.).

Quant au respect des exigences du DD et à l’adoption des innovations du numériques, les points ci-dessous sont à suivre :

– La construction écologique
– Le BIM : une innovation majeure dans le BTP
– La réalité augmentée
– Les robots constructeurs
– Les drones
– Les logiciels de suivi de chantiers
– Le Big data
– Le Smart Building (bâtiments intelligents car connectés à leurs utilisateurs finaux mais également entre eux)
– Les déchets des bâtiments peuvent être valorisés de différentes manières : réemploi, réutilisation ou recyclage, des techniques qui participent à l’économie circulaire  
– L’utilisation de matériaux respectueux de l’environnement
-Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui un suivi en temps réel de l’état du parc de matériels  
– L’Exosquelette permettant de manipuler des charges lourdes en diminuant considérablement l’effort sur plusieurs types d’actions,
– Le Green Building afin d’améliorer la performance énergétique des bâtiments, réduire les émissions de carbone et favoriser la présence d’espaces verts en ville