URBANISATION ET METROPOLISATION EN AFRIQUE, VERS LA GENERALISATION D’UN PHENOMENE MONDIAL ?

Les métropoles sont considérées comme les grandes gagnantes de la mondialisation. En effet, la crise économique de 2008 survenue dans les pays développés, a accentué la concentration des emplois au sein des métropoles. Elles sont donc considérées comme les « locomotives » des économies régionales. Ce phénomène urbain a été identité et mis en avant par des chercheurs tels; Peter Hall, Manuel Castells, Saskia Sassen, etc.

Selon le site web français vie-publique.fr dans une publication de Mars 2019,  « une métropole est une agglomération de grande taille qui concentre un nombre élevé de personnes et d’activités (économiques, politiques, culturelles, etc.), organise sa région autour d’elle et relie cette région au reste du monde. Elle se forme par la réunion d’une ville centre et des agglomérations qui l’entourent. Par conséquent, la métropolisation se traduit par un phénomène d’étalement urbain.

Ce sont aujourd’hui les métropoles qui portent la croissance mondiale. Ainsi, les 10 plus grandes régions urbaines réalisent 40% de la croissance et produisent 70 à 80% des technologies. Les métropoles accueillent la majorité des créations d’emplois et sont plus résistantes aux crises économiques. Considérées en outre comme sources de dynamisme et d’attractivité pour leurs régions, les métropoles bénéficient généralement d’une image positive auprès des politiques, qui souhaitent encourager leur développement ».

Pour Jacques Godron, fondateur de l’Institut des Hautes  Etudes des Métropoles en France, sept « leviers de réussite » caractérisent les infrastructures–clés  d’une métropole :

  1. Grandes écoles et universités ;
  2. Quartier central des affaires ;
  3. Pôles de compétitivité ;
  4. Entertainment : événements internationaux et « spots » culturels (théâtres, musées, orchestres…) ;
  5. Commerces de luxe ;
  6. Aéroport ;
  7. Tourisme d’affaires.

Si la métropolisation est une tendance caractéristique de l’urbanisation dans les pays développés, où la population à faible croissance, se réorganise dans les villes métropoles, qu’en est-il de ce phénomène en Afrique ? La métropolisation est-il un phénomène mondial ?

Selon « Metropolis », l’association Mondiale des Grandes Métropoles; l’expansion métropolitaine est l’une des tendances du 21e siècle: alors que l’urbanisation se poursuit, les villes se développent dans l’interdépendance avec les territoires environnants. Dix-huit (18) villes africaines sont membres de cette organisation. Ces 18 métropoles  sont :

1.      Accra Metropolitan Assembly 

2.      Cairo – Egypt’s Ministry of Housing, Utilities and Urban Communities

3.      City Government of Addis Ababa

4.      City of Harare

5.      City of Johannesburg

6.      Communauté Urbaine de Douala 

7.      Commune de Casablanca 

8.      Commune de Rabat 

9.      Commune de Tunis 

10.  Commune Urbaine d’Antananarivo 

11.  Conseil Régional de Nouakchott 

12.  District d’Abidjan

13.  Ethekwini Municipality (Durban)

14.  Gauteng Provincial Government 

15.  Mairie de Brazzaville 

16.  Mairie de Libreville 

17.  Mairie du District de Bamako 

18.  Ville de Dakar.

 

La Vision de « Metropolis » est d’œuvrer pour « des métropoles pour et par leurs citoyens où la gouvernance métropolitaine participative et efficace favorise le développement économique, la durabilité, la cohésion sociale, l’égalité des sexes et la qualité de vie ».

En effet, dans les métropoles sont exacerbés les problèmes issus de la croissance urbaine actuelle tels que le manque d’accès aux services de base, une croissance économique continue accompagnée d’une augmentation du nombre d’emplois précaires ou de faibles salaires, laissant de nombreuses familles dans l’insécurité économique, la flambée des prix de l’immobilier, des loyers et l’augmentation du nombre de sans-abris, la digitalisation rapide des économies suivie de la destruction d’emplois traditionnels et le faible niveau de production de nouvelles compétences, la naissance de nouveaux contrats moins favorables aux travailleurs indépendants du à l’Uberisation, la congestion, la destruction de plantations et de terres agricoles, la dégradation de l’environnement, l’aliénation des pauvres vers les périphéries urbaines et la propagation des taudis, etc. Les effets néfastes de la métropolisation sont surtout perceptibles au niveau la cohésion sociale et territoriale. En effet, la métropolisation se traduit par de fortes inégalités entre la métropole et ses périphéries les plus éloignées, mais aussi au sein de la métropole elle-même. Ces inégalités sont à l’origine d’un sentiment d’abandon qui nourrit aujourd’hui un discours hostile à la mondialisation. La création d’un Ministère de la Cohésion des Territoires.. en France souligne l’importance de ce problème et le niveau de gouvernance décidé par les Etats pour y faire face.

Fort de leurs capacités de résiliences faces aux crises économiques comme elles l’ont démontré lors de la crise de 2008, lieux de concentrations de la population et des talents, lieux de concentration des pouvoirs politique et économique, lieux d’innovation et d’avancées technologiques, les métropoles ont les ressources et les ressorts nécessaires pour s’élever au niveau des enjeux qu’elles affrontent.

Cependant, comprendre le fait métropolitain qui semble être une tendance lourde pour le 21ème siècle est la première phase d’analyse pour mieux face aux grands défis auxquels les métropoles sont confrontées. Si dans les pays développés, ils existent des institutions outillées pour comprendre les nouvelles forces économiques qui transforment la structures de leurs économies et changent la nature du travail ; automatisation, robotisation, numérisation, etc. l’association « Metropolis » aide en Afrique leurs métropoles membres à comprendre ce phénomène et à y faire face efficacement. Dans sa publication « Rapport sur les Métropoles Africaines », « Metropolis », fait l’état des lieux de la métropolisation en Afrique avec un accent particulier sur leurs problèmes de gouvernance et compare les 17 métropoles étudiées selon un système d’indicateurs métropolitains qui permettent de comparer différentes métropoles à travers le monde. Dans l’ensemble les métropoles africaines se classent loin derrière la moyenne mondiale des autres métropoles dans le monde. Cette situation offre une opportunité inédite pour chercher à mieux comprendre les métropoles africaines et accélérer leur rôle incontournable dans la transformation de la structure des économiques africaines. Lieux d’implantation des industries, elles peuvent jouer un rôle irremplaçable pour transformer des économies majoritairement agricoles à des  économies industrielles pourvoyeuses d’emplois de  masse, ainsi que de conforter leur rôle de porte d’entrée sur la mondialisation. Pour y arriver, les Etats africains doivent investir dans les infrastructures qui permettent aux entreprises et aux travailleurs d’être plus productifs et de renforcer les ressources et les systèmes de gouvernances des métropoles.